Poésie libre pour les Esprits libres

Stances

 

Mon ange, tu déroules le Ciel
en ce miracle de matin,
quand de fines manches s’ailent
tes deux mains.

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Nuages blancs : couvrez nos coeurs !
formez un jardin, une cour :
sous nos mains, laissez aux fleurs
l’amour.

Ici, ma colombe, tu flottes –
tu formes de vibrants essaims,
quand la chemise virevolte
sur ton sein…

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Nuée lactée, viens ! et emplis
nos lèvres et nos joues à leur tour :
viens en nous, et rafraîchis
le jour.

Mon ange, tu déroules le Ciel
en ce miracle de matin,
comme en fines manches s’ailent
nos mains.

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Le temps de l’eau

 

Le Ciel, en descendant,
berce un lent mouvement :
la Terre, revêtue
par cet aimable flux
révèle ses atours :
il fait bleu alentours.

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Ô mystère en dessin
sous tes petites mains…
Sur le fleuve d’amour
je me suis réveillé :
peu importent les jours,
je suis à tes côtés.

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Comment suis-je arrivé
sur le fleuve Toujours ?
Je n’aurai pas ramé
vers le fol séjour :
Je t’aime : à ces deux mots,
on y marche sur l’eau.

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Dans ce lit de matin
ai-je longtemps vogué ?
Point il ne me souvient
d’y avoir embarqué,
et le creux de sept ans
ne parut qu’un instant.

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Tu m’as donné la main
quand j’y pensais le moins…
Par un tout petit pas
s’est fait notre bonace :
je ne me souviens pas
d’avoir brisé la glace.

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Un jour ai-je dansé
sans tes pas de côté –
un temps ne fus-je à l’onde
de tes beautés profondes ?
Ô miracle prochain,
rêve à portée de main !

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Aurore

 

Je glisse les nuages sur un voile blanc
qui recueille les pas et le souffle du vent;
les rires, les chants emplissent ce doux coton,
les murmures s’étendent jusqu’à l’horizon…

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Chacun veut être là quand revient ce tableau
mais les têtes se couvrent, on ne dit plus un mot…
Les enfants redessinent le monde au dehors :
qu’il fasse froid, ils ne le savent pas encore !

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Une douce chanson appelle le printemps,
devant la cheminée, et déjà mûrissant
les couronnes de blé pour le temps des moissons,
les oboles de raisins sous un astre rond.

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Bientôt le Soleil inondera le monde :
j’en pleurerai de joie et me fondrai dans l’onde;
mille passereaux égréneront leurs accords
et les yeux entrouverts, ils quitteront le port.
Ainsi le printemps viendra,
et je ne le verrai pas…

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Restez un mois encore égayer le foyer,
assis au coin du feu buvez et badinez :
le jour laisse ici de son heur à la nuit
quand deux coeurs se sont blotis dans un petit lit.

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De tendres gazouillis agitent les bourgeons,
dans les arbres blancs et sous le toit des maisons :
la fleur gardée par les mystères de Janvier
sera le fruit chéri tout au long de l’année :

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Tu marcheras alors, tu courras devant moi :
j’en pleurerai de joie, je fondrai sous tes pas;
bientôt les rires, les joies et mille comptines
animeront l’été de ta voix enfantine;
Et comme tu grandiras,
ma saison reparaîtra…

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Épigramme

 

Le Prince de Montretout
décora son palais
avec beaucoup de goût
et de délicieux mets.

Il n’en fit aucun cas,
seul en son grand domaine,
car on ne parle pas
quand on a la bouche pleine.

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Fragment

Pour sceau de vérité nous élûmes le rire, bon peseur de questions et de bonnes réponses le signe,

–   si en nos rencontres et nos riants souvenirs se trouvent les réponses aux énigmes à venir,

–  si jamais réponses dépassèrent leurs questions à la course, en de joyeux éclats de rire,

–   oh ! comment de parler n’aurait-on envie, et de tendres éclats de rire ?

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Le fruit du silence

sur l’installation « Solitaire », de Stéphane Thidet

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Dans une ruelle, à Florence,
sous le soleil de l’Italie,
j’ai vu la formidable danse
d’un arbre mort et plein de vie.

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Il se détacha de la terre,
voyagea longtemps sur la mer
et finit par prendre racine
dans une église florentine.

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Laissant sa vie derrière lui,
dans l’obscurité, il reluit;
dans le silence, sans un mot,
par-dessus la lumière et l’eau…

Il tourne, et dans sa folle ronde
m’emporte vers la nuit profonde.
Je m’attache à ce cerf-volant,
il n’y a pourtant aucun vent !

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Dans une ruelle, à Florence,
sous le soleil de l’Italie,
je me suis accroché aux branches.

d’un arbre rayonnant de vie.

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Les transports

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Tout le jour, allant à travers bois et forêts,
sautant dans les flaques d’eau et dans les rivières –
dans ma course folle je ne touche plus terre –
Je ne sais où je suis, et vais où il me plaît.

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Me voici arrivé aux murs de la cité :
point d’eau, pas un arbre – j’ai perdu mon chemin.
Monterai-je dans la voiture ou dans le train,
conduisant seul, ou me laissant même embarquer ?

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Je ne sais pas où nous mèneront ces transports :
nous irons, séparément, vers le même endroit,
ou nous serons ensemble, puis chacun chez soi.
Pour sûr, personne n’arrivera à bon port !

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Marcher dans les forêts me porte bien plus loin :
je ris devant les cris, les chants de l’hirondelle,
je m’envole parmi les essaims de corneilles –
Mes extases ne sont point transports en commun !…

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… Ce petit jeux de mots est prétexte à mes vers,
et n’ayant pas d’emploi, ne vivant sous un toît,
je suis certes un bon Français : en suivant nos lois,
j’honnore et je sers la langue de Molière !

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S’il n’y a plus de sous dans ma tirelire
pour une miche de pain et un bon reblochon,
mon vrai soucis, c’est qu’en taillant bien mon crayon
il ne me reste bientôt plus de quoi écrire !

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Guillaume Riether, 2021

Courriel : guillaume(A)poesielibre.fr